INSTALLATION :

Si vous désirez vous installer dans la culture de safran, rien de plus simple! Cependant, je conseille au futur safranier de faire auparavant une parcelle d’essai de quelques milliers de bulbes (1000 à 3000 bulbes) tout en gardant votre travail à côté, si vous en avez un. 2000 bulbes vous donneront la première année : environ 5 à 7 grammes de safran sec, en effet, la première année, la floraison est d’environ 50%. Elle peut être moins importante ou plus importante. Cela depend de beaucoup de facteurs (terrain, conditions météorologiques de l'année, acclimatation des bulbes, attaques, concurrences avec l'herbe, etc.)

Vous testerez en plantant ces milliers de bulbes :

  • la culture : plantation, désherbage, lutte contre les nuisibles, récolte, émondage, etc.
  • la transformation : recettes, produits dérivés
  • et la commercialisation : étude de marché auprès des restaurateurs, traiteurs, de la grande distribution, etc.

Vous saurez alors au bout de cette année, si cette culture vous plait toujours et surtout si les débouchés sont bien présents car le but est bien de pouvoir vivre de cette épice.

Rapprochez-vous d’organismes compétents : chambre d’agriculture (montage de projet, subventions, aides à l’installation), centre de formalité des entreprises (CFE afin d’y déclarer votre nouvelle activité), MSA (assurance maladie des safraniers soit en tant que cotisant solidaire ou chef d’exploitation).

 

CULTURE :

La nature du sol :

En ce qui concerne la culture, même si votre région n’a pas de tradition safranière (et je sais de quoi je parle), sachez qu’il est possible de cultiver du safran dans son jardin à peu près partout en France. N’oubliez pas que notre pays a été longtemps un important producteur de safran.
La principale condition est d’avoir une terre bien drainée qui ressuie rapidement les fortes pluies. Pas d’eau stagnante à une profondeur de bêche pour ne pas asphyxier les bulbes et les faire pourrir.
Les meilleures terres sont les limons peu argileux et légèrement calcaires avec un pH entre 6 et 7. Dans votre jardin, il est toujours possible d’apporter un peu de terre d’une autre nature mais sur une parcelle… Le choix est donc déterminant.

Le climat : 

Le safran s’accommode aussi bien du climat méditerranéen que du climat continental. Il aime le contraste des étés chauds et secs et des hivers froids. Le climat montagnard ne lui fait pas peur non plus. On peut le cultiver en altitude et ce jusqu’à 2000 mètres.

Le safran a cependant besoin de pluie en automne pour déclencher la floraison ainsi qu’en mars pour le grossissement des bulbes.

Les bulbes craignent les fortes gelées, une semaine à moins 20 degrés peut leur être fatale. Pour y remédier on peut toujours pailler ou installer des bâches sur les routes plantées.

L’exposition : 

Le safran aime le soleil, il ne faut pas l’en priver. Faites attention, si jamais la parcelle ou votre jardin sont entourés d’arbres, arbustes ou autres qui pourraient apporter de l’ombre à la plantation. Vérifiez aussi la rotation du soleil. Il faut exposer votre plantation plutôt sud-sud-est.

Préparer la terre : 

 

La terre doit être préparée à l’automne qui précède la plantation. Elle doit être ameublie à une profondeur de 25-30cm. L’utilisation de fumier est à déconseiller car il brûle les racines des bulbes. Il vaut mieux incorporer un compost.

A plusieurs reprises avant la plantation, débarrassez le terrain de ses herbes par un griffage vigoureux, suivi d’un tassement du sol afin d’avoir la bonne profondeur pour installer les cormes. Ceux-ci peuvent être plantés à 10cm de profondeur dans les régions où les risques de gelées sont peu importants et entre 15 et 20 cm dans celles où les gelées peuvent descendre jusqu’à moins 15 degrés. N’oubliez pas que le bulbe remonte de deux centimètres par an.

La plantation en champs ou en jardin:

Le terrain doit être propre, débarrassé de toute herbes, feuilles, etc. La terre ne doit pas former de grosses mottes.
Le Crocus Sativus ne peut pas être planté après des cultures comme la pomme de terre, l’asperge, le blé qui peuvent être porteuses des mêmes maladies fongiques que celles retrouvées sur le safran. Pour planter des bulbes de Crocus Sativus, il faut déjà penser à réserver ceux-ci avant le mois de mai - juin (Découvrir nos bulbes à la vente). Réservez-les auprès d’un safranier français, n’oubliez pas que les bulbes peuvent être malades. Pour que du crocus naisse une fleur, vous devez impérativement acheter des bulbes de calibre 8 minimum.
La plantation peut avoir lieu de début juillet jusque début septembre. Les bulbes sont plantés en ligne. Vous pouvez, pour une plantation importante, former une route de quatre lignes espacées de 25cm chacune. Laissez 15cm à côté de la première et de la dernière ligne. Chaque route sera séparée par un chemin qui permettra la surveillance et la cueillette lors de la floraison. Sur une petite surface ou en jardin laissez 25cm entre chaque ligne. Repérez vos lignes par la pose de ficelles.
Les bulbes doivent être plantés à 10cm de profondeur dans les régions où les risques de gelées sont faibles et entre 15 et 20 cm dans celles où les gelées prolongées sont importantes. N’oubliez pas que le bulbe remonte de deux centimètres par an. Concernant l’espacement entre les bulbes vous pouvez laisser de 8 à 15cm selon votre terrain et votre achat. Ne les plantez pas trop serrés car le bulbe se démultiplie en moyenne par 4 la première année.
Ainsi plantés, vous pourrez les laisser 5 à 6 années en place.

 

 

 Après la plantation : 

Il faut biner ou ratisser toute la surface plantée afin de détruire les mauvaises herbes. La parcelle où le safran est plantée doit être désherbée souvent. Les mauvaises herbes sont autant de concurrence pour les bulbes, leurs racines peuvent parfois même le transpercer. Il faut trouver le bon équilibre, surtout ne vous laissez pas envahir. Nous avons créé notre propre désherbeuse afin de garder la parcelle propre toute l’année.

 
 
Cueillette, émondage et séchage :

 

La floraison débute fin septembre pour se terminer début novembre. En général, elle s’étend sur un mois selon la météo. La cueillette des fleurs se fait tous les jours. En effet, la fleur de crocus sativus n’a une durée de vie que de 24h à 48h. Il vaut mieux récolter les fleurs tôt le matin quand elles sont encore fermées afin qu’aucun résidu ne se pose sur les pistils. S’ensuit l’émondage qui consiste à séparer délicatement la fleur de son pistil à l’aide d’un petit ciseau.
Une fois tous les pistils récoltés, il faut les faire sécher. Les pistils frais doivent perdre 80% de leur poids. La fin de l’opération ne se juge ni à l’œil, ni à l’odeur mais au toucher : le safran doit être léger et cassant. Généralement, une température de 50 à 60° en four traditionnel pendant 15 à 30 minutes suffit, selon la quantité séchée.

 

Quelques chiffres :

  •   dans les Ardennes, il faut entre 180 et 200 fleurs de safran pour un gramme, et donc 180 000 à 200 000 fleurs de safran pour un kilo,
  •   un bon cueilleur peut récolter 1000 fleurs à l’heure et en émonder 400.

 

Conservation :

Une fois récolté et séché, le safran doit être conditionné en petites quantités dans des pots en verre fermés hermétiquement. Gardez le dans un endroit frais et sec et surtout à l’abri de la lumière.
Nota béné : Le safran n’est pas un produit « périssable ». Les législations européennes n’imposent d’ailleurs pas de date de limite de consommation. C’est pourquoi, généralement le safran que vous achetez ne mentionne quasiment jamais la date de récolte.
Je note cependant une DLUO sur les produits vendus sur ce site : date limite d’utilisation optimale, date au-delà de laquelle les qualités organoleptiques et nutritionnelles ne sont plus garanties : le safran risque d'avoir moins de goût, moins de vitamines, une consistance différente, sans pour autant constituer un danger pour la santé, sachez que la vente au-delà de la date limite d'utilisation optimale n'est pas interdite.
En général le safran peut se conserver 4 à 5 années sans perdre ses qualités. Il faut quand même prendre quelques précautions de conservation, comme celles notées auparavant. Achetez aussi un safran de l’année de récolte et non recoupé par d’autres produits qui pourraient le faire moisir.

Utilisation et dosage :

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Arrachage des cormus et calibrage :

Lorsque votre safranière aura 5 ans d’âge, il faudra pratiquer l’arrachage des cormus. Cette opération a lieu au début du mois de juin à celui de juillet. Généralement, on l’exécute avec une bêche, après avoir enlevé un peu de terre qui recouvre les bulbes.
Puis chaque groupe de bulbes est déterré délicatement puis séparés les uns des autres. Il faut ensuite retirer le « culot », qui n’est autre que le bulbe primitif. Cette opération se fait dès l’arrachage. Il faudra ensuite placer les bulbes dans des cagettes, les laver et les laisser sécher au soleil quelques jours. Une safranière fournit après deux ans, assez de bulbes pour replanter une surface double.

 
 
Les ravageurs et les maladies :

Les rats, mulots, campagnols, etc causent de grands dommages dans les safranières. Ils s’attaquent aux bulbes et les déchirent. Les taupes, elles, ne mangent pas les bulbes mais leurs galeries peuvent désorganiser toute une safranière.
Les lièvres et les lapins nuisent aussi au safran, ils mangent les fleurs et coupent les feuilles empêchant ainsi les cormus de produire d’autres caïeux. Nos safranières sont clôturées par des grillages afin d’éviter ces dommages et des pièges sont posés pour capturer les nuisibles.
Le safran est une plante assez rustique, mais des maladies, résistantes à la plupart des fongicides, peuvent s’y attaquer :

  • Le tacon : une sorte de carie qui présente d’abord une nuance rouge ou brune qui ne tarde pas à devenir noire et une pourriture sèche. Cette maladie se développe sur des sols humides.
  • le fusarium laisse une frange orangée en limite de la partie saine.
  • Et enfin, le rhizoctonia crocorum ou rhizoctone violet forme une sorte de réseau violacé ou violet noir sur les tuniques des bulbes, qui se dessèchent, puis la partie solide prend une teinte jaunâtre, devient molle gluante et ensuite fétide. Ce parasite se développe en automne ou au printemps. C’est pourquoi, il faut déterrer de temps en temps quelques bulbes pour surveiller si ceux-ci sont sains. Ce champignon se développe très rapidement, si bien qu’on l’appelle la « mort du safran ».